Arsenic, plomb, cuivre, mercure… Défi de santé publique, la qualité et la pérennité des sols agricoles est depuis toujours un enjeu pour les agriculteurs. Ludovic Vincent, ingénieur agroalimentaire et fondateur de la start-up Biomede, permet aux agriculteurs engagés de retirer naturellement certains métaux lourds.
Après des premiers essais en laboratoires puis sur terrains agricoles, Ludovic et son associée ont développé Biomede, une start-up accélérée par ToasterLAB en 2019, qui s’apprête à un déploiement national de sa solution : dépolluer les sols agricoles… par les plantes. Quand la nature soigne la nature : l’innovation est parfois (souvent) une question de bon sens.
La « pollution invisible » des sols
Toxiques à doses variables pour l’Homme, pour la faune et la flore, les métaux lourds sont naturellement présents dans nos sols, notamment dans certaines roches d’origine jurassique. Leur présence a également été amplifiée par l’activité humaine, surtout au moment de la révolution industrielle il y a 200 ans.
« Il s’agit d’un problème invisible avec des risques d’ ‘effet cocktail’, et des éléments qui finissent, à plus ou moins long terme, par se retrouver dans l’eau et dans la chaîne alimentaire », s’attriste Ludovic Vincent, ingénieur agronome de formation et co-fondateur de la start-up Biomede.
En France, 80% des sols contiennent des contaminants en plus ou moins grandes quantité, et 230 000 sites sont considérés comme dangereusement pollués aux métaux lourds.
Le temps géologique n’est pas le temps de l’Homme
Lors de mes échanges avec Ludovic, j’étais sidéré d’apprendre que la pollution de nos sols peut être parfois très ancienne. « En fait, nos pratiques actuelles sont bien plus saines pour les sols que celles d’il y a cinquante ans », m’a dit-il d’ailleurs confié.
Pour Ludovic, l’origine historique de la contamination des sols ne doit pas être une excuse. Le problème reste bien présent. Le fait est que le temps géologique n’est pas le temps de l’activité humaine. « Un sol dont l’équilibre est perturbé met des siècles à se régénérer. Les millions de micro-organismes* qui le constituent ne peuvent pas se reconstruire en quelques années seulement. »
Alors, comment régénérer les sols de façon durable, et surtout, respectueuse ? Ludovic Vincent, s’est posé la question lorsqu’un agriculteur est venu le trouver en 2016. Avec son associée, spécialiste en biotech et docteur en cancérologie, ils développent une start-up basée sur la phytoremédiation.
*J’en profite pour rappeler à nos lecteurs qu’un Atlas français des bactéries du sol a été publié suite aux travaux de l’UMR agroécologie de Dijon (pour en savoir plus : inrae.fr/actualites/richesses-insoupconnees-du-sol).
Diagnostiquer, semer, et dépolluer : un cercle vertueux
Ludovic Vincent m’explique ce concept nouveau à mes yeux (mais tellement plein de bon sens) : « la phytoremédiation est une solution qui s’adapte très bien au sol agricole en préservant leurs qualités agronomique ».
« Le principe est constitué de plusieurs étapes. Il s’agit, en premier lieu, de diagnostiquer le terrain. C’est une étape indispensable pour pouvoir intervenir par la suite : nous avons besoin de connaître la quantité et les types de métaux lourds présents dans le sol. Pour cela, chez Biomede, nous utilisons un appareil aux rayons X qui permet de cartographier les métaux lourds dans sol. »
Vient ensuite la seconde étape : « selon les métaux lourds présents, nous adaptons un mélange de plantes dépolluantes à introduire. » Ces plantes sont des « HYP », pour hyperaccumulatrices, sélectionnées pour leurs capacités à extraire les polluants du sol.
« La nature est bien faite ! », commente Ludovic.
Transition écologique : « une démarche collective »
Ludovic Vincent, s’il voit dans Biomede une « solution à impact », reste humble sur le rôle que Biomede peut jouer dans la transition écologique.
« Innovateurs, producteurs, agriculteurs, consommateurs… Les échéances environnementales nous associent tous pour la pérennité de nos sociétés, de nos modes de production agricole, et pour les générations à venir. C’est essentiel de proposer des outils, des solutions. Avec Biomede, nous intervenons sur les sols. Mais il y a plein d’autres domaines. Il s’agit d’une démarche véritablement collective. »
Il reconnaît d’ailleurs le rôle clé joué par les agriculteurs : « l’agriculture est le premier secteur d’activité concerné par la transition écologique : c’est à la fois là que l’on subit les dégâts (du réchauffement par exemple) – et là que se font les solutions. »
Un constat que je ne peux qu’approuver, en tant que business developer au sein de ToasterLAB : l’innovation au service de l’agriculture est en plein boom – et émane de plus en plus du terrain.
Accélérez vos projets AgTech !
En participant au programme d’accélération de ToasterLAB, Ludovic reconnait avoir appris « plein de choses utiles. Mentors, experts, start-ups : leurs conseils et leurs retours d’expérience ont été vraiment essentiels pour le développement de Biomede ».
Si votre start-up ou PME innovante est en plein boom et qu’un « coup de pouce » spécialiste des domaines agricole et agroalimentaire vous serait utile, sachez qu’un appel à candidatures est en cours. Pour candidater, c’est ici : https://www.f6s.com/toasterlabcandidature2020/ et pour en savoir plus, vous pouvez m’écrire sur : clement.galbois@vitagora.com.
Par Clément
Business Developer, et "start-up back-up" comme il aime se faire appeler, Clément a vécu le monde des start-ups de l'intérieur avant de se mettre au service de leur développement au sein de ToasterLAB. Bénévole sur de nombreux fronts et engagé personnellement pour une consommation plus responsable, Clément est un point de contact privilégié pour les start-ups de ToasterLAB, bienveillant et à l'écoute. Contactez-le : clement.galbois@vitagora.com.