Ingénieure agroalimentaire de formation, c’est l’envie de s’investir pour le territoire local dans des projets à impact environnemental positif qui a guidé Muriel Charlet vers l’association J’aime Mes Bouteilles fin 2019. Deux ans et la création d’une entreprise plus tard, sa mission est sur les rails.
 

 

Raviver la culture de la consigne et du réemploi : une envie partagée

L’association J’aime Mes Bouteilles est née à Lons-le-Saunier (Jura) en 2016, sous l’impulsion de l’espace communautaire de Lons agglomération engagé dans le zéro déchet. Fondée avec les acteurs locaux de l’économie sociale et solidaire, et portée par le Clus'Ter Jura, son ambition est de raviver la consigne sur le territoire lédonien : récupérer, laver, et redistribuer les bouteilles. 
 

« La consigne n’est pas un concept nouveau », explique Muriel. « Au contraire, c’est un univers connu, et très logique, qui était pratiqué il y a plusieurs décennies et n’a jamais disparu de certains territoires, comme en Alsace. Aujourd’hui, l’acceptation des consommateurs au niveau national est favorable et prometteuse : ils sont prêts et en ont envie… même s’il n’est pas toujours facile de changer leurs habitudes », reconnait-elle.
 

Devant le regain d’intérêt de la consigne, plusieurs structures régionales, à l’instar de J’aime Mes Bouteilles, se sont développées ces dernières années et se sont organisées au niveau national au sein du Réseau Consigne (fédération des professionnels du réemploi et de la réutilisation des emballages en France).


 

Créer une entreprise pour relever les défis opérationnels

En 2018, J’aime Mes Bouteilles mène une première expérimentation dans le département du Jura afin d’identifier les problématiques majeures liées à la mise en place sur le terrain de la consigne. « Les problématiques techniques et logistiques identifiées grâce à cette expérimentation ont confirmé les constats de la plupart des initiatives de consigne ou de réemploi en France : problème de décollement des étiquettes au lavage, manque de standardisation des contenants et des étiquettes, difficultés d’acheminement, etc. », précise Muriel.
 

« C’est pour mettre en œuvre des solutions concrètes devant les problématiques identifiées que j’ai rejoint l’association en 2019. » Ancienne salariée du groupe Bel, cet engagement associatif était pour elle à la fois cohérent au vu de sa carrière dans l’agroalimentaire et plein de sens.
 

Suite à l’expérimentation terrain soutenue et financée par l’Ademe, la Région Bourgogne-Franche-Comté et Citéo, au travail de Muriel et Aude avec les autres porteurs de projets au sein du Réseau Consigne sur les problématiques identifiées, , une entreprise a été créée en 2020. « C’est apparu comme le type de structure le plus pertinent pour gérer les aspects logistiques, de production et commerciaux, tout en étant centré sur le bénéfice des utilisateurs », précise Muriel, devenue dirigeante à temps complet de cette jeune entreprise aux côtés de Delphine et avec le soutien d’Aude.
 

« Depuis, l’association, qui existe toujours, et l’entreprise se sont développées sur des missions distinctes mais complémentaires. Ainsi, l’association se concentre désormais sur des missions d’ordre publique et politique : sensibilisation aux bienfaits du réemploi des emballages, mobilisation du territoire, préparation politique, alors que l’entreprise est tournée vers la mise en œuvre opérationnelle de la filière ‘J’aime Mes Bouteilles’. »


 

Production, collecte, lavage… La consigne, c’est sur toute la chaine !

Ce qui caractérise avant tout l’activité de J’aime Mes Bouteilles, c’est son rôle essentiel à travers toute la chaîne de valeur de la bouteille.
 

Muriel Charlet détaille : « Tout d’abord, nous agissons pour les producteurs : vignerons, brasseurs, et producteurs de jus. Nous leur fournissons des bouteilles réemployables standardisées, alignées avec la gamme nationale. Nous les accompagnons sur les bonnes pratiques quant aux conditions de stockage, aux étiquettes en leur apportant notamment un cahier des charges qu’ils pourront transmettre à leur imprimeur. Nous leur fournissons également un logo national « réemploi » pour qu’ils puissent rendre visible leur engagement auprès des consommateurs, et les informer que la bouteille est réemployable. »
 

Ensuite, vient l’étape de la collecte. « Nous avons réalisé tout un travail sur le développement des points de collecte avec le déploiement d’équipements et de PLV », explique Muriel. « La collecte est clairement l’étape qui engendre le plus d’impact négatif sur l’environnement. Notre façon de minimiser cet impact, c’est de ne pas utiliser de camion en propre mais de sous-traiter la collecte en passant par un réseau de transporteurs et des circuits déjà en place. Ainsi, ils optimisent les trajets déjà prévus en maximisant le remplissage de leur camion. »
 

S’ensuit alors le lavage. « Nous sommes ici en prestation avec le dernier laveur industriel de la région, le groupe Cheveau, basé à Beaune. Il nous permet aussi de repalettiser les bouteilles propres, puis de les transporter directement pour les redistribuer aux producteurs. »

 

 

Le point clé ? La standardisation

« C’est un gros sujet », admet Muriel. « Accepter des modèles différents, même s’ils se ressemblent parfois beaucoup, rend le traitement des étapes très complexe. Il faut pouvoir trier les bouteilles, pour vendre des palettes de bouteilles homogènes aux producteurs. Or, ça n’est pas possible. »
 

Pour cela, J’aime Mes Bouteilles a fait le choix de la standardisation. « Nous utilisons une gamme de bouteilles standard, qui a été sélectionnée sur plusieurs critères : sa résistance technique, son utilisation au niveau national, et sa disponibilité. » Si elle reconnait qu’il y a parfois quelques réticences des producteurs à utiliser une bouteille standardisée (notamment pour la couleur), elle assure que, d’ici quelques années, le choix du réemployable sera largement gagnant devant le choix de la bouteille.

 

Et demain ?

Si l’entreprise est aujourd’hui concentrée sur le réemploi des bouteilles avec « J’aime Mes Bouteilles », Muriel et Delphine souhaitent se diversifier sur d’autres types de contenants… avec autant de nouveaux défis à relever. Un investissement est d’ailleurs prévu à la fin de l’été 2022 pour s’équiper d’une machine de lavage industriel destinée au nettoyage des autres contenants que les bouteilles.
 

« Grâce à l’étude CircuVerre BFC menée par Vitagora et ses partenaires en 2021, nous réfléchissons aux suites à donner quant à notre diversification et à la sélection des marchés à cibler. Notre choix sera guidé par le besoin des utilisateurs et le respect de nos principes clés qui sont : favoriser la solution avec le plus d’impact environnemental positif et développer l’emploi en région. »


 

A votre tour, bénéficiez de l’accompagnement du réseau de ToasterLAB !

J’aime Mes Bouteilles a rejoint ToasterLAB en 2021, pour bénéficier d’un accompagnement autour des questions du modèle économique, dimensionnement « scale up », de la propriété intellectuelle, etc.

Si vous souhaitez vous aussi bénéficier des opportunités que peut vous apporter ToasterLAB, et pour en savoir plus sur notre programme d’accélération dédié aux start-ups de l’agri-food, contactez-moi directement par e-mail : clement.galbois@vitagora.com.

 

 

Par Clément

Clément Galbois

Business Developer, et "start-up back-up" comme il aime se faire appeler, Clément a vécu le monde des start-ups de l'intérieur avant de se mettre au service de leur développement au sein de ToasterLAB. Bénévole sur de nombreux fronts et engagé personnellement pour une consommation plus responsable, Clément est un point de contact privilégié pour les start-ups de ToasterLAB, bienveillant et à l'écoute. Contactez-le : clement.galbois@vitagora.com.