Pour réussir en tant qu’entrepreneur, il faut résister à la tentation des victoires à court terme pour viser plutôt l’endurance… tout en restant dynamique et enthousiaste. Un équilibre difficile à trouver, entre marathon et courses d’obstacles. Conseils de Pierre-Henri Deballon, co-fondateur de Weezevent.
Weezevent : self-service de la billetterie numérique
Lorsqu’ils ont organisé le Vélo Tour à Dijon (à faire si vous êtes de passage dans la région !), Pierre-Henri Deballon et Sébastien Tonglet ont été confrontés à de nombreuses barrières : comment gérer les inscriptions ? Suivre la billetterie ? Et comment se fait-il qu’en 2007, il n’y ait pas de solutions de billetterie numérique qui permettent de gérer en amont les flux financiers ?
En 2008, ces deux sportifs alors étudiants en gestion et économie du sport se lancent dans l’aventure : ils développent Weezevent, une solution en self-service de billettique et d’inscription en ligne destinée aux organisateurs d’événements, avec en plus depuis 2015, une solution de paiement dématérialisé. Pour Pierre-Henri Deballon, ce qui fait le charme de son activité, c’est le passage du numérique à la « vraie vie » : « ça nous arrive souvent d’assister à des événements (concerts, festivals, etc.) pour assurer la mise en place de notre outil. C’est très sympa et gratifiant. »
Avec une croissance fulgurante (incroyable mais vrai : +42 000% en 2015 !), pas étonnant que cette start-up compte aujourd’hui 75 salariés dans plusieurs bureaux d’Europe (Dijon, Paris, Manchester, Madrid, etc.).
Le lièvre et la start-up : rien ne sert de courir…
Pourtant, pour Pierre-Henri Deballon, pour durer dans l’aventure start-up, rien ne sert de courir après le succès. « L’image de l’idée « Eureka » qui se réalise en quelques mois est une image faussée. Dans la vraie vie, c’est rarement un feu d’artifice. La mise en œuvre de son idée peut prendre facilement 3 ou 4 ans, et ce même pour des licornes à la croissance fulgurante. »
Il reconnait pourtant que la tentation d’aller vite est grande pour une start-up, notamment en ce qui concerne les levées de fonds. « La course à la levée de fonds, c’est le piège ! Car une levée de fonds marque le début d’une aventure : ce n’est pas (et ne doit pas être) une fin en soi. » Ce sportif n’hésite d’ailleurs pas à user de la métaphore : « la levée de fonds, c’est comme une course de sauts d’obstacle qui durerait le temps d’un marathon… il faut trouver le juste équilibre entre l’endurance et le dynamisme. »
La tentation de se précipiter se présente également pour les propositions de rachats. Pour Pierre-Henri, tout est question de vision des fondateurs : succès court-termiste, ou ambition ? « Il vaut parfois mieux refuser un rachat immédiat à 1 million d’euros pour se laisser le temps et la capacité de développer encore plus loin son projet. C’est quasiment ce qui nous est arrivé… et si notre réaction à l’époque était guidée par notre instinct, avec le recul et plus d’analyse, je peux confirmer qu’il s’agissait de la bonne décision. »
Pour tenir dans l’effort…
Alors, quels conseils retenir de son expérience pour tenir tout au long de l’effort « start-up » ?
- Tout d’abord, être convaincu que son idée est la bonne, et vouloir le prouver. C’est votre assurance « je ne lâche rien », même dans les moments difficiles où se pose la question de tout arrêter. « La question s’est posée une fois pour nous : on continue ? ou on arrête tout ? On était en-dessous de chacune des 4 courbes de scénarios que l’on avait anticipés. C’est parce que l’on croyait dur comme fer à notre idée – et pour cause, on l’utilisait nous-mêmes ! – que l’on a fait le choix de ne pas s’arrêter pour autant. »
- Bosser, bosser, et encore bosser. « On bossait comme des fous. Ce qui a de nombreux mérites : on ne voit pas le temps passer, on n’a pas le temps de dépenser l’argent (que l’on ne gagne pas au démarrage), et bien sûr, on solidifie son projet. »
- Se soutenir entre associés. « Il est important de partager et de se soutenir. Dans les moments difficiles, l’un sera plus positif et encourageant. Dans les moments d’euphorie, l’autre sera plus mesuré et gardera les pieds sur terre. Quelle que soit la situation, il faut toujours partager. »
- Ne pas négliger les situations solides de son entourage : « Nos copines de l’époque, devenues nos épouses, avaient des emplois salariés. Cela peut paraitre intéressé, mais c’est important à prendre en compte : la solidité globale de votre situation est une assurance. »
- Accepter la juste dose d’irrationnel : « monter une start-up, c’est aussi un peu sauter dans le vide, savoir prendre des risques, ou réagir à l’instinct. Ça s’est toujours révélé payant pour nous. Soyez passionné, cela vous portera. »
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Par Christophe Breuillet
Directeur de Vitagora et CEO d'AcceleRise, Christophe est notre chef d'orchestre ! Ses domaines d’expertise : le développement d’entreprise, la croissance à l’international, les stratégies d’influence… en bref, le « business », sous tous ces angles. Contactez-moi : christophe.breuillet@vitagora.com