Accéder aux rayons des grandes surfaces du n°1 de la distribution française : toutes les start-ups en rêveraient ! Algama l’a fait : leur « mayonnaise » sans œuf est commercialisée depuis cet été chez Carrefour. Le secret de leur réussite : patience et persévérance. Car les étapes jusqu’à la mise en marché peuvent prendre quelques années. Retour d’expérience et conseils de Mathieu Gonçalves, co-fondateur de cette start-up.
Algama : démocratiser les algues
Algama est une start-up française fondée en 2013 par trois amis d'enfance : Gaëtan Gohin, Alvyn Severien, et Mathieu Gonçalves. Spécialiste des microalgues, cette jeune pousse a l'ambition de sortir la microalgue du simple complément alimentaire pour l'amener vers les produits alimentaires du quotidien : boissons, sauces, etc. Après plusieurs levées de fonds, la mise en place de son propre laboratoire de recherche, et le recrutement d’une douzaine de salariés, Algama a su transformer leur idée pour accéder à une mise en marché très prometteuse pour leur « mayonnaise » sans œufs.
Etape n°1 : la bonne recette
« Notre projet de mayonnaise vegan a commencé en fin d’année 2015 », me raconte Mathieu Gonçalves. « Il y avait tout à faire, car il n’existait pas de produits de ce type pour réaliser un benchmark en terme de recettes et de process. »
La R&D du produit a donc pris quelques mois. Un souvenir marquant ? « Le plus compliqué a été de définir la bonne texture. Car on tenait à tout prix à ce que notre sauce soit au moins aussi bonne que les mayonnaises traditionnelles à base d’œufs. »
Mathieu conseille les jeunes start-ups à prendre leur temps pour cette étape cruciale : « de notre côté, nous avons modifié plusieurs fois et en profondeur notre recette pour des raisons de texturation. Cela nous a pris du temps, mais c’était essentiel pour avoir un produit bon… et donc, avec un fort potentiel de commercialisation. »
Etape n°2 : le transfert industriel
Mathieu est franc : « pour passer en transfert industriel, il faut se donner des critères de sélection rigoureux dans le choix de votre partenaire. Pour nous, c’était la flexibilité de production et de fonctionnement, ainsi que des normes qualité élevées, en phase avec nos objectifs. »
Et bien entendu, la disponibilité des équipements.
Mais Mathieu vous met en garde : « Réussir à reproduire votre recette de laboratoire en usine ne coule pas de source… » En plus d’une différence évidente de process, les ingrédients risquent de ne pas être les mêmes (c’est que votre partenaire industriel a sûrement ses préférences et ses habitudes de commandes). « A nouveau, il vous faudra revoir votre recette. Pour nous, cela a pris 9 mois. » Une grossesse, en fait… mais pour un beau bébé !
Etape n°3 : La mise en marché
Après un total d’environ 1 an et demi de développement technique, le produit est prêt ! Et la commercialisation fait rêver : Carrefour, avec ses hyper, ses super, ses commerces de proximité. « De quoi nous permettre de tester ce qui fonctionne le mieux pour notre produit innovant. »
Mais comment passer à ce St Graal de la mise en marché ? Mathieu a 3 conseils :
- Jouer sur le capital sympathie des jeunes entrepreneurs. « Les start-ups, l’entrepreneuriat : c’est très tendance. Il ne faut pas hésiter à jouer cette corde pour séduire vos clients. »
- Exploiter les concours et les cellules d’innovation des grands noms de la distribution. « En ce qui nous concerne, nous avons été sélectionnés par le programme d’innovation InnBox de Carrefour. Cela nous a permis d’échanger directement avec le haut de l’échelle pour viser une commercialisation plus rapide et volumineuse : 80 points de vente dès le démarrage ! »
- S’accompagner de professionnels pour la relecture du contrat. « Nous sommes très satisfaits de nos échanges avec Carrefour, qui a joué franc-jeu et a su nous accompagner », précise Mathieu. « Mais en ce qui concerne la relecture du contrat, il est essentiel de le confier à un expert du domaine. Un consultant extérieur, ou un salarié senior habitué à ce type de documents. »
Par Claire M.
Start-up manager pour ToasterLAB, Claire est familière du monde de l’entrepreneuriat : elle a passé plus de 4 ans en tant que chargée d’affaires au sein d’un incubateur de start-ups et centre européen des entreprises et d’innovation. Sa mission au sein d'AcceleRise : accompagner les start-ups au quotidien, les challenger, et leur apporter une aide et une écoute à la fois humaine et motivante. claire.maugras@vitagora.com