La veille est une pratique indispensable à toute entreprise. Qu’il s’agisse d’un grand groupe, d’une PME, ou d’une start-up. Parce qu’elle constitue les fondements de votre stratégie d’amélioration continue.
Veille concurrentielle, veille juridique, veille technologique, etc. Loin de moi l’idée de vous présenter les enjeux et avantages de chaque typologie de veille : d’autres articles sur le web existent déjà et répondront à vos attentes sur ce point. Non, je vais plutôt vous exposer cinq conseils pratiques à mettre en œuvre pour une veille efficace dans une start-up, grâce à notre experte du sujet : Anne-Laure Marchand, chargée d’intelligence économique à Vitagora.
1 – Descendez de votre petit nuage pour faire une veille (véritablement) objective (et utile)
« Nous n’avons pas de concurrent. »
Vous avez déjà prononcé cette phrase ? Pas de chance ! Anne-Laure nous assure qu’avec une méthode de veille objective, vous finirez toujours par contredire cette affirmation. « Avant de se lancer, beaucoup de start-ups pensent n’avoir aucun concurrent. La veille vous apprendra une première chose, indispensable à votre viabilité : non, vous n’êtes pas seuls. »
Pour Anne-Laure, la veille doit servir en premier lieu au lancement de la start-up : définition de son business model, évaluation de son potentiel marché (n’est-il pas surévalué ?), orientation du positionnement et de l’identité de la marque, etc. Pour tout ceci, il est indispensable d’analyser votre concurrence.
« Un produit ou un service viennent en réponse à un besoin d’utilisateur. Vous pensez ne pas avoir de concurrent parce que votre produit est nouveau ? Détrompez-vous : l’utilisateur, avant de connaitre votre produit, avait déjà une autre solution face à ce besoin. » Cette solution, même si vous la trouvez old-school ou carrément ringarde, représente également votre concurrent – c’est ce qu’on appelle la concurrence indirecte. La SNCF est par exemple un concurrent indirect de Blablacar. Le marché communal est un concurrent indirect de votre box de livraison de produits alimentaires bio. Le jus d’orange est un concurrent indirect de votre boisson stimulante aux super-aliments.
« Ce n’est pas toujours évident à entendre (entre nous, pourtant, mieux vaut avoir des concurrents : c’est aussi la preuve que votre idée est pertinente et viable !) : c’est pour cela que faire une veille méthodique, en utilisant notamment le mapping de positionnement concurrentiel avec des critères objectifs, est essentiel », confirme Anne-Laure.
2 – Ne vous arrêtez pas jamais
Si la veille est indispensable au démarrage d’un projet de création d’entreprise, elle doit également être continue.
« La veille ne doit jamais s’arrêter », explique Anne-Laure. « Car l’environnement d’une entreprise est en évolution permanente :
- Les concurrents changent. Par exemple, quelques années après un engouement pour une nouveauté, il est fréquent de voir des grandes entreprises développer le même type d’offre. Votre panel de concurrents se diversifie au fur et à mesure des années.
- Vos clients changent. « C’est d’autant plus vrai dans l’alimentaire, où les tendances et les enjeux en termes de développement produits vont très vite ! », détaille Anne-Laure en pensant au sans-gluten, au vegan, etc. – des tendances apparues il y a moins de 3 ans en France et influençant déjà fortement les attentes des consommateurs.
- Votre marché change. Peut-être allez-vous diversifier vos gammes de produits ? Ouvrir votre abonnement à une autre localité ? Déployer vos ventes à l’international ?
« Dans tous les cas, à chaque étape du développement de l’entreprise, la veille viendra confirmer ou infirmer vos hypothèses – ce qui vous évitera de subir les dégâts de mauvais choix. »
3 – Priorisez et externalisez
« La veille prend du temps », explique Anne-Laure. « D’une part, parce qu’il s’agit de tout scruter, de tout lire. D’autre part, car le monde ne s’arrêtera pas d’évoluer une fois votre dossier de veille bouclé, et qu’il vous faudra donc recommencer quelques mois plus tard. »
Comment s’y retrouver ? Anne-Laure n’a qu’un conseil à vous donner (et pas des moindres) : « priorisez ! »
« Ciblez les types de veille que vous souhaitez à tout prix réaliser : veille concurrentielle, bien entendu. Mais également veille juridique ? Ou veille technologique ? Ou encore commerciale ? », détaille-t-elle. « Ensuite, priorisez vos outils. Il existe de nombreux outils de veille gratuit, et les événements et concours sont également une source de veille très riche. Mais l’on ne peut pas être partout à la fois. Enfin, n’hésitez pas à faire appel à des professionnels pour externaliser ce qui reste. »
De nombreux programmes d’accélération, tel que ToasterLAB, propose un service d’accompagnement à la veille. « C’est l’opportunité non seulement de dégager du temps pour vos tâches prioritaires, mais également de bénéficier d’outils de veille performants, et de compétences d’experts », précise Anne-Laure.
4 – Responsabilisez une personne afin de rendre votre veille actionnable
Bien entendu, nous savons qu’une start-up n’est parfois composée que de quelques personnes. Malgré cela, Anne-Laure vous conseille vivement de responsabiliser l’une d’entre elle sur la veille.
Cela permet d’organiser la veille dans l’espace (puisque, grâce au paragraphe précédent, elle devrait déjà être organisée dans le temps) : responsabiliser une personne permet de centraliser les actions de veille afin de remonter ou de descendre aux autres co-fondateurs ou salariés les informations qui leur sont pertinentes.
« L’une des difficultés de la veille », explique Anne-Laure, « c’est de la rendre actionnable : aller au-delà de la curiosité intellectuelle, et la mettre au service de la prise de décision. C’est en responsabilisant une personne sur cette mission que vous le pourrez : car cette personne ne se contentera pas de lire des articles trouvés ici et là, mais pensera « objectifs » et « actions pour l’entreprise ». »
5 – évitez d’être trop « flag » !
Faire de la veille est une pratique non seulement légale mais également fortement conseillée. Pour autant, si la veille n’est pas de l’espionnage, il est souvent préférable de la réaliser de manière… discrète.
« Veillez à ne pas être trop visibles ! », conseille Anne-Laure. « S’inscrire au site web de son concurrent pour étudier ses pratiques en termes d’abonnement mailings, par exemple, risque de ne pas être discret. Privilégiez dans ce cas, a minima, une adresse personnelle. A moins, bien entendu, que vous ne vouliez rendre évident le fait que vous étudiez ce concurrent. »
Pour en savoir plus
En terme de veille, les start-ups accompagnées par ToasterLAB bénéficient des conseils de nos mentors, mais également des services de Vitagora, le réseau des innovateurs de l’agroalimentaire, où Anne-Laure travaille en tant que chargée d’intelligence économique. Pour bénéficier vous aussi des conseils de nos mentors, deux solutions : vous abonner à notre newsletter mensuelle, ou nous rejoindre ! Pour en savoir plus, contactez-moi : claire.vanoverstraeten@vitagora.com.
Par Claire VO
Responsable du programme ToasterLAB, Claire VO est également en charge de la post-accélération de nos start-ups, ainsi que de l'accompagnement des intrapreneurs. Après 12 ans au sein de Vitagora, Claire est véritablement le "cerveau du réseau" et, dans les méandres de notre écosystème, vous aide à y voir plus... clair ! Contactez-la claire.vanoverstraeten@vitagora.com